Vous êtes un dragonologue amateur dans le monde de Wyrmspan, un monde où les dragons de toutes formes, tailles et couleurs parcourent le ciel. Excavez un labyrinthe caché que vous avez récemment découvert sous votre terrain et attirez ces merveilleuses créatures pour les rassembler dans vos cavernes.
Wyrmspan
Autrice: Connie Vogelmann;
Illustratrice: Clémentine Campardou;
Éditeurs: Matagot (VF), Stonemaier Games (VA);
Distributeur: Îlo;
Nombre de joueurs: 1 à 5 joueurs;
Durée: 90 minutes;
À partir de: 14+;
Thématiques: Dragons et cavernes;
Mécaniques: Jeu de pige, de gestion de main, de gestion de bonus de fin de partie.
C’est quoi le but?
Dans Wyrmspan, le but est d’être le joueur qui accumule le plus de Points de Victoire (PV). Les PV peuvent être gagnés de plusieurs manières, dont la valeur des dragons, les oeufs, les cartes glissées, les objectifs ou la guilde draconique.
Comment on joue à Wyrmspan?
Une partie de Wyrmspan se déroule en 4 manches. À chaque manche, les joueurs auront la possibilité d’effectuer plusieurs actions qui nécessiteront un coût en pièces et parfois en ressources ou en oeufs. Les joueurs continueront de jouer jusqu’à l’épuisement de leurs pièces ou jusqu’à ce qu’ils décident de passer.
3 types d’actions sont possibles à chaque tour.
1-Excaver: Jouer une carte caverne sur l’une de vos cavernes en défrayant les coûts associés et profitez, le cas échéant, de l’avantage de “Pose”.
2-Attirer: Ajouter un dragon à votre plateau joueur en le choisissant parmi ceux de votre main et en défrayant les coûts associés. Vous devez, bien entendu, respecter les règles et limitations liées à l’ajout d’un dragon dans votre caverne. Profitez aussi des effets de “Pose” lorsque c’est possible.
3-Explorer l’une de vos cavernes: Choisir une de vos cavernes et faire avancer votre aventurier en activant toutes les capacités “Activation” devant lesquelles il passe. C’est la manière ultime de regagner des ressources, d’avancer sur la Guilde, de récupérer des cartes Dragons et des cartes Caverne.
OK, et le jeu se termine quand?
Une partie de Wyrmspan prend fin au terme de la quatrième manche. C’est à ce moment que les points de fin de partie seront calculés soient:
– Les marqueurs sur la Guilde draconnique;
– Les valeurs en PV imprimés sur les dragons;
– Les capacités de fin de partie;
– Les oeufs;
– Les ressources stockées;
– Les cartes glissées;
– Les objectifs;
– Les éléments et les pièces restantes.
On a ici affaire à une véritable salade de points.
C’est tout?
Wyrmspan est une variante adaptée du magnifique jeu Wingspan et de ses nombreuses extensions d’Elizabeth Hargrave. Cette dernière a d’ailleurs été impliquée dans le développement de Wyrmspan et elle est chaudement remerciée dans le livret de règles.
Ce jeu a aussi été produit en de nombreuses langues et il était très attendu sur le marché. On dénombre plus d’une dizaine de versions, dont la polonaise, la turque, l’espagnole, la chinoise, la hollandaise, etc.
Ce que je pense de Wyrmspan?
Quand j’ai eu la boite de Wyrmspan entre les mains, j’ai vécu une petite émotion. Mon cœur s’est emballé, car je suis une fan finie de tout ce qui touche aux dragons. Et soyons francs, celui qui orne la boite a vraiment quelque chose de majestueux. Le déploiement de ses ailes frappe l’imaginaire et on le sent tout puissant. Le fini bleu ciel accentue aussi cette impression. Disons que ça augurait plutôt bien!
De me suis donc dépêchée d’ouvrir la boite pour découvrir ce qui s’y cache et ouf! autre choc, mais pas aussi joyeux. J’aurais vraiment rêvé d’un insert thermoformé pour éviter le chaos qui se déroule sous mes yeux. Un enchevêtrement de sachets, de plateaux, de jetons et de cartes est disposé dans la boite. Quelle tristesse! Un jeu de cette qualité mériterait vraiment un peu d’amour pour le rangement.
Les illustrations
Comment parler de Wyrmspan sans mentionner les magnifiques illustrations? Les cartes Dragon sont vraiment exceptionnelles. Ceux qui s’intéressent au sujet reconnaitront les Coatls, les Vouivres et les autres espèces mythiques. Ils ont tous des caractéristiques qui les rendent uniques et superbes.
L’ensemble des illustrations semble être tracé à l’aquarelle. La touche est subtile et délicate. Les couleurs sont douces, d’un pastel tendre. On aurait pu s’attendre à ce qu’une thématique “dragon” entraine des couleurs vives, franches, tranchées et je trouve que de passer par des couleurs plus subtiles est un excellent choix éditorial. On vit de la douceur et on a envie de s’immerger dans l’univers qui nous est présenté.
Les illustrations qui ornent les plateaux des joueurs sont aussi magnifiques. On a affaire à des cavernes qui n’ont pas l’apparence austère qu’elles auraient pu revêtir. Individuellement, elles portent bien leur nom. La Caverne cramoisie met en valeur des teintes de rouge et de rose, la Grotte dorée exploite les jaunes et les orangées et l’Abysse améthyste révèle des tons violacés.
Le matériel
L’iconographie proposée dans Wyrmspan est vraiment claire. Certes, il y a plusieurs éléments à considérer, mais on se fait rapidement à tous les symboles. En plus, le livret de règles propose un résumé des différentes icônes sur sa quatrième de couverture, le rendant très accessible à tous les joueurs.
Les plateaux Guildes sont très variés et j’aime bien qu’ils soient conçus recto-verso de manière à s’ajuster au nombre de joueurs.
Parmi les éléments qui constituent le matériel de Wyrmspan, je dois dire que celui qui m’a le plus surpris est le “Dictionnaire” des Dragons, appelé Wyrmspan Tout sur les dragons. On y retrouve toutes les illustrations des dragons, leur nom, de même que toutes les informations qui se retrouvent sur leur carte avec, en bonus, un petit paragraphe de description qui nous les présente de manière très sympathique.
En plus d’être tout bonnement magnifique, le matériel de Wyrmspan est de bonne qualité. Les plateaux sont immenses et rigides. De plus, l’information qui s’y trouve est précise et très utile. Rien n’est laissé au hasard.
Un petit plus?
Les Jetons divers sont tout à fait adéquats pour une version standard. J’aurais aimé avoir accès à des jetons Ressource en 3D et j’ai constaté qu’il existe un ensemble deluxe prévu à cet effet par le fabricant. On y retrouve des ressources en bois et des Pièces en métal. Pour les moins puristes d’entre nous, il est aussi possible de s’en faire via une imprimante 3D, considérant que des fichiers gratuits existent sur Thingiverse pour ce faire.
Avouons que les petits cubes, bien que fonctionnels sont moyennement excitants… Et tant qu’à être un peu chialeuse, j’aurais aimé des œufs de dragon avec un look écaillé plutôt que de revoir des œufs tachetés comme dans Wingspan. Mais bon! Tout ce qui est mis à notre disposition est bien fait, bien conçu et de bonne qualité.
Règles et mise en place
Premièrement, je me dois de mentionner que le livret de règles est vraiment très agréable à manipuler. Son papier a un effet “plastifié” des plus agréables. On dirait presque un petit livre. D’ailleurs, on retrouve un second livret pour les parties en solo.
J’ai bien aimé qu’on retrouve un petit encadré pour guider les joueurs qui sont des habitués de Wingspan, le grand frère de Wyrmspan, afin de marquer clairement les différences entre les deux jeux.
En ce qui concerne la mise en place, je dois dire qu’elle est simple, mais qu’elle implique plusieurs étapes. D’ailleurs, je vous suggère de préparer à l’avance de petits sachets avec les cubes, l’explorateur, le marqueur Guilde et les pièces pour chaque joueur. Cela permettra de sauver un temps certain à chaque fois que vous allez jouer. Il est aussi intéressant de prévoir de petits plats pour déposer les ressources si vous n’êtes pas fan des piles éparses sur la table.
C’est pour qui?
Wyrmspan est officiellement un jeu pour les amateurs de dragons! Mais outre cette clientèle très nichée, il est aussi conçu pour les joueurs intermédiaires de façon générale. Si vous avez préalablement découvert Wingspan et que le jeu vous a plu, il est fort probable que Wyrmspan soit un pur bonheur pour vous.
D’ailleurs, il est possible pour des joueurs de moins de 14 ans d’y jouer et d’y prendre plaisir. Ma fille de 11 ans presque 12 qui est une bonne joueuse de jeux de société a tout de suite eu envie de tenter l’expérience après nous avoir observé en pleine partie. Le jeu l’attirait vraiment, entre autres grâce à sa thématique.
Expérience de jeu
N’étant pas une grande joueuse de Wingspan, que j’ai expérimenté une fois il y a un long moment, sans plus, je considère que j’ai abordé Wyrmspan comme une joueuse flambant neuve. Je n’avais plus vraiment les mécaniques en tête et je l’attaquais en novice.
Hé bien, j’ai adoré mon expérience! Ok, ma première partie m’a servi une belle leçon d’humilité, car mes amies m’ont vraiment mis une raclée, mais je réalise que dans mes parties subséquentes, personne n’a réussi à égaler leur score.
J’ai trouvé qu’il y avait juste ce qu’il faut de profondeur pour exiger une réelle réflexion, sans pour autant que les joueurs soient immobilisés par les actions qui doivent être effectuées. Comme les choix sont somme toute limités, on doit réfléchir activement à la chaine d’actions qu’on compte déclencher. Choisir le bon dragon, accumuler suffisamment de ressources, explorer pour avoir le nécessaire, calculer l’iinfluence de la guilde draconique, tout ça a de l’importance et de l’impact. On peut voir loin, mais pas trop en même temps, car nos pièces s’envolent vite. Celui qui ne fait pas attention risque de voir son plan coupé court!
Je dois aussi dire qu’il y a quelque chose de hautement satisfaisant dans la salade de point qui caractérise la fin de la partie. J’adore les jeux dans lesquels on ne sait pas avant la toute fin qui va gagner. Il y a tellement de manières de faire des points qu’il est possible de jouer plusieurs stratégies sans pour autant sentir de redondance ou de limitation.
Pour l’avoir vécu, quand deux joueurs de force équivalente s’affrontent et que le score final n’a que deux points d’écart, il est clair qu’on a affaire à un jeu bien balancé.
On y joue à combien?
Wyrmspan est conçu pour se jouer tant en solo qu’à plusieurs, jusqu’à 5 joueurs si désiré. Je n’ai pas pu le tester à autant, mais les configurations que j’ai pu explorer ont toutes été très agréables. Je dois aussi mentionner que les parties à 2 joueurs sont vraiment plus courtes que le 90 minutes annoncé. Notre première partie en duo, à mon mari et moi, a duré à peine plus d’une heure.
Pour moi, c’est un réel plaisir de pouvoir boucler une partie en ce laps de temps qui est fort raisonnable. Je conçois toutefois qu’à 4 ou 5 joueurs, il soit normal que plus de temps soit nécessaire pour que tous puissent effectuer leurs actions. Et ça, c’est sans compter les penseurs chroniques…
J’ai aussi remarqué qu’à deux joueurs, c’est vraiment plus tranquille sur la Guilde draconique et que la compétition est vraiment moins intense qu’à trois. Une chance que le créateur a su offrir des plateaux recto-verso qui s’adaptent au changement du nombre de joueurs pour permettre davantage d’options pour chacun.
Mécanique et thématique de Wyrmspan
La mécanique mise en place dans Wyrmspan est clairement définie par les actions qui peuvent être effectuées pendant les tours. Si on ne s’arrête qu’à ça, c’est simple. Toutefois, la combinaison de ces possibilités additionnée à la limite des Pièces et aux besoins qui génèrent sans cesse des choix déchirants, on a réussi à donner une belle profondeur au système de jeu. La présence de la Guilde draconique de même que celle des objectifs spécifiques pour chaque manche ajoute une couche de réflexion importante. On sent qu’on va avoir besoin de se diversifier, mais en gardant le contrôle.
En ce qui concerne la thématique, je donne un superbe 100%. C’est du bonheur à l’état pur, un réel bonbon pour les amateurs. On est immergé de la tête aux pieds dans les dragons de toutes les tailles et de toutes les espèces. Le travail d’illustration est remarquable et il joue un très grand rôle dans l’impression qui est ressentie par les joueurs.
Ambiance et interactions
L’ambiance dans une partie de Wyrmspan est vraiment tranquille et réflexive. Comme tout le monde est en mode optimisation et que personne n’a d’influence sur le plateau de ses adversaires, c’est plutôt calme. Les seules interactions possibles sont vraiment minimales, c’est-à-dire qu’on peut prendre à notre tour une carte convoitée par l’autre. C’est pas mal tout.
Le jeu a vraiment été conçu pour que chacun puisse profiter au maximum de l’expérience. Ce faisant, on peut partager une tuile de la Gilde draconique et même une première place avec les objectifs. On doit faire de notre mieux avec ce qui nous est donné et ce ne sont pas vraiment les autres qui vont pouvoir influencer notre succès ou notre échec.
Pour moi, c’est un gros must, car je joue parfois avec des gens qui ont en horreur le fait de se faire enquiquiner. On se doit notre victoire, point. Ce n’est pas le résultat de la chance ou notre échec, celui de la malchance.
Rejouabilité de Wyrmspan
Wyrmspan offre une bonne rejouabilité à ses joueurs. Non seulement la grande quantité de cartes Dragon et Caverne permet de la variété, mais la présence de plusieurs variations des pouvoirs octroyés par la Guilde draconique ajoute un beau plus. Après tout, 4 plateaux ayant tous des pouvoirs différents, c’est vraiment intéressant! Aussi, la présence d’objectifs distincts pour chaque manche ajoute encore de la rejouabilité. Comme on pige au hasard ce qui sera en vigueur en début de partie, cela va invariablement orienter notre stratégie et la modifier à chaque partie. Ce sont tout de même 10 tuiles recto-verso qui sont à la base de notre choix!
On y joue quand?
Je classerais Wyrmspan dans la catégorie des « gros » jeux. Il nécessite du temps et surtout, de l’espace de table. Comme je l’ai mentionné, je crois qu’il est accessible à des joueurs initiés et qu’un grand public saura l’apprécier. Je le sortirais donc avec plaisir lors d’une soirée de jeu ou comme unique « gros » jeu d’un après-midi ludique. Plaisir assuré!
Bref, si vous aimez les jeux à la thématique forte qui offrent une expérience de jeu très agréable, alors Wyrmspan est pour vous.
On aime Wyrmspan pour:
– Le look de la boîte avec son majestueux dragon et les illustrations raffinées et superbes;
– Les règles du jeu somme toute simples à comprendre;
– Le matériel d’excellente qualité;
– La rejouabilité qui est remarquable (on sent qu’elle a été considérée pendant la conception du jeu);
– L’ambiance reflexive et peu compétitive;
– Le fait qu’il s’agit d’un jeu accessible à une grande sélection de joueurs;
– L’interaction quasi absente entre les joueurs;
– La thématique très forte et hautement immersive;
– La mécanique efficace et aisée à prendre en main, mais qui ne manque pas de profondeur;
– Le fait qu’il s’agit d’un jeu fluide, qu’il se joue bien.
On aime moins Wyrmspan pour:
– L’absence d’un insert thermoformé pour ranger adéquatement le magnifique matériel.
On aurait aimé:
– Des oeufs au look écaillé qui font plus “dragon”;
– Des ressources en bois.
Il est à noter que:
– Si vous recherchez un jeu avec beaucoup d’interactions entre les joueurs, Wyrmspan n’est peut-être pas le bon choix.
Merci à notre partenaire ÎLO de nous avoir offert
une copie du jeu Wyrmspan pour cette chronique.
Nous vous invitons à découvrir d’autres jeux de ce distributeur
en lisant notre chronique sur le jeu Terraforming Mars: Le jeu de dés.