Expeditions, avis et chronique de jeu

Après la guerre et les conflits en Europe, un nouvel événement attire l’attention des différentes nations. Un impact météoritique dans le creux de la Sibérie semble corrompre la région. Le docteur Tarkovsky et plusieurs équipes sont partis investiguer la situation, mais ils n’ont pas donné de nouvelles. Différents explorateurs et leurs compagnons animaux partent à leur tour en Expeditions en quête d’explication et de richesses.

Expeditions est un jeu dans le même univers que Scythe. Il n’est pas nécessaire d’avoir joué à Scythe puisque le jeu Expeditions est un stand-alone qui se veut être en quelque sorte une suite. Mais aucune connaissance de l’univers Scythe n’est requise pour jouer à Expeditions.

Expeditions
Auteur: Jamey Stegmaier;
Illustrateur: Jakub Rozalski;
Éditeur: Stonemaier Games;
Distributeur: Lion Rampant (VA) et Îlo (VF);
Nombre de joueurs: 1 à 5 joueurs;
Durée: 60 à 90 minutes;
À partir de: 14 ans et +;
Thématiques: Univers steampunk et exploration;
Mécaniques: Jeu d’exploration, de gestion de main, d’engine-building et de pose d’ouvriers.

C’est quoi le but d’Expeditions?

Au travers de l’exploration de la Sibérie, les joueurs devront acquérir de la puissance et de la ruse, vaincre de la corruption et accomplir divers objectifs afin d’obtenir gloire et richesse.

Comment on joue?

Expeditions se joue à tour de rôle. Différentes actions permettent aux joueurs de progresser sur l’aire de jeu et de découvrir de nouveaux lieux. À son tour, le joueur pourra effectuer toutes les actions dont les cases découvertes après avoir déplacé son cube d’action. Si le cube était sur l’icône “rafraîchir”, il sera déplacé dans la case adjacente et les 3 actions seront disponibles. Si le cube était sur cette case adjacente ou sur l’une des 3 actions, il devra être déplacé sur une action qui n’était pas couverte. Voici les 4 options qui s’offrent aux joueurs :

Se déplacer

Le joueur possède tous un “mech“. C’est une grosse machine mécanique qui peut se déplacer sur la carte constituée de tuiles placées semi-aléatoirement. Les mechs peuvent se déplacer jusqu’à 3 tuiles de leur point d’origine et doivent s’arrêter s’ils se déplacent sur une tuile face cachée. À ce moment-là, on révèle la tuile et on pige des jetons corruptions que l’on place sur l’espace approprié jusqu’à ce que la somme des tuiles atteint ou excède la valeur cible.

Récolter

Chaque lieu possède des icônes permettant d’avoir divers bénéfices. Ces derniers peuvent être des cartes, des rafraîchissements de cartes, des ouvriers, etc. Certains bénéfices plus importants ne deviennent disponibles que lorsque toute la corruption du lieu est vaincue. Il y a l’amélioration qui permet d’avoir les habiletés de cartes items de façon permanente sans ouvriers. On a aussi la fusion qui permet d’utiliser les cartes météorites afin d’avoir des récompenses à répétition. Finalement, on a la vantardise qui permet de placer des jetons de gloires lorsque des objectifs de gloire sont complétés.

Jouer une carte

Une carte jouée passera de la main du joueur (côté gauche du plateau) à la rangée active (côté droit). De la puissance et/ou de la ruse peuvent être obtenues selon le niveau de gloire du joueur. Il y a également l’habileté de la carte qui va nécessiter un ouvrier de la bonne couleur pour son activation. Ces habiletés varient selon le type de carte et ont une grande variété d’effet. Deux effets qui méritent d’être notés sont la résolution de quête (pour obtenir de la gloire et plus d’argent en fin de partie) et le triomphe sur la corruption en dépensant gloire et/ou ruse.

Rafraîchir

À la place d’effectuer 2 des 3 des actions précédemment mentionnées, le joueur peut décider de rafraîchir. Il déplace son cube d’action sur l’espace de cette action et il récupère toutes les cartes qui sont dans la rangée active pour les remettre dans sa main. Il récupère également ses ouvriers.

OK, et le jeu se termine quand?

La partie d’Expeditions se termine suite à un ultime tour déclenché par la pose du dernier jeton de gloire d’une joueur, qui sont au nombre de 4, sur le plateau du camp de base. On compte alors l’argent amassé par les joueurs. Le total se calcule par les pièces possédées, les jetons corruption vaincus, les cartes items qui sont servies d’amélioration et le nombre de jetons gloire sur le plateau (ces derniers peuvent voir leurs valeurs augmentés par le nombre de quêtes résolues). Le joueur le plus riche remporte la partie.

C’est tout?

Comme la plupart des jeux de Stonemaier Games, un mode solo “Automa” a été développé pour permettre au joueur solitaire d’affronter un joueur fictif fonctionnant avec des règles simplifiées. Le niveau de difficulté s’ajuste selon le défi recherché par le joueur.

Une autre édition d’Expeditions, nommée Ironclad, permet d’avoir les figurines en métal plutôt qu’en plastique. Une extension devrait être révélée au courant de l’année 2024.

Ce que je pense d’Expeditions?

Moi, qui possède déjà et qui aime assez bien Scythe, je me retrouvais bien emballé à essayer Expeditions. L’univers m’intéressait déjà avec son côté steampunk des années 1920 et généralement, les jeux de Stonemaier ne me déçoivent pas.

L’aspect visuel et le matériel d’Expeditions

Pour les connaisseurs de Scythe, on reconnaît tout de suite la signature visuelle de Jakub Rozalski. C’est un style artistique assez unique et reconnaissable parmi tant d’autres. Les illustrations sont des “peintures” des paysages campagnards, mais avec des éléments thématiques du jeu comme des mechs et d’autres grosses machines. C’est peut-être un style qui ne sera pas apprécié par tout le monde, mais pour moi, je trouve que ça donne une touche d’unicité. Les boîtes, les tuiles et les cartes ont toutes des illustrations différentes.

Pour ce qui de la qualité du matériel, je n’ai rien à redire. Tous les ouvriers et les jetons des joueurs et de corruption sont en bois et les pièces de monnaies et jetons “cartes” sont en carton épais. Il en va de même pour les tuiles. Les cartes sont aussi de très bonnes qualités et les livres de règles également. Pour ce qui est des mechs, ce sont de grosses figurines très détaillées. Avis aux peintres, vous aurez des heures de plaisir à personnaliser ces mastodontes de plastique.

Le rangement du matériel dans la boîte se fait très bien. L’insert a été conçu sur mesure et il reste même un peu de place (pour une extension future?). Chaque mech a son emplacement et il y a un “couvercle” de plastique pour couvrir le tout. Il ne reste qu’à mettre le plateau et la paperasse. Seul inconvénient de ce genre de boîte : elle est tout de même volumineuse. Ce n’est vraiment pas un jeu de poche et il dépasse les dimensions des boîtes carrées que l’on peut être habituées d’avoir.

Est-ce bien compliqué comme jeu?

Les règles d’Expeditions sont bien expliquées dans les livres fournis (un pour le jeu standard et un pour le mode solo). Je dirais que la mise en page n’est pas parfaite pour retrouver certaines explications et que la moitié des pages sont titrées “Actions”. On aurait pu avoir de meilleurs sous-titres et/ou que ceux-ci aient plus de visibilité que le reste du texte.

Malgré tout, Expeditions reste relativement accessible. Ce n’est pas un jeu pour débutant, mais comprendre les actions possibles ne représente pas un grand défi. Il y a plusieurs petits détails, certes, à retenir, mais grâce aux aides fournies sur des cartes, on peut y arriver. Le choix de la stratégie à adopter pourrait intimider un peu les nouveaux joueurs en début de partie. Il y a plusieurs options. Il y a 7 façons d’obtenir de la gloire et on ne peut qu’en compléter 4.

La rejouabilité d’Expeditions

Comme indiqué précédemment, il y a 7 façons d’obtenir de la gloire. En fonction du placement semi-aléatoire des tuiles de lieux et des cartes face révélée disponibles, notre stratégie va varier d’une partie à l’autre. Également, 2 autres variables entrent en jeu pour créer des parties différentes : le mech et notre personnage. Ayant 5 choix pour chacun, on a 25 combinaisons différentes. Chaque carte personnages (et son compagnon) vont avoir des habiletés différentes et il en sera de même pour les mechs.

Les personnages ont des habiletés différentes, mais qui vont se ressembler, tandis que les mechs, eux, sont très différents les uns des autres. Par exemple, le Marsh Strider sera meilleur pour résoudre des quêtes et avoir plus de flexibilité pour l’action Récolter puisqu’il a plus de mouvement. Les quêtes doivent être résolues à des endroits précis. Le Tatanka, pour sa part, peut résoudre plus de quêtes et avoir plus d’améliorations et de fusions (5 de chaque au lieu de la limite de 4 aux autres joueurs).

Mais probablement que la résolution de quêtes sera un élément que chaque joueur cherchera à privilégier, car chaque quête résolue augmente l’argent rapportée par chaque jeton de gloire. Le reste va sera très variable en fonction de l’évolution de la partie et des éléments qui sont mis à la disposition des joueurs.

Est-ce que ça brasse dans la cabane?

Expeditions est un jeu compétitif, mais contrairement à Scythe, il n’y aura pas d’affrontement entre les joueurs. Ce n’est pas un jeu de guerre, mais d’exploration. Bien entendu, il y aura certaines interactions, mais pas en quantité énorme. Un joueur sur un lieu peut en bloquer l’accès à un autre et ce dernier devra attendre que le premier se déplace. Parmi les effets possibles sur les cartes ou les tuiles, il y a le balayement qui enlève les cartes face révélé du jeu, ce qui peut être un tantinet frustrant pour un joueur qui souhaitait s’approprier d’une des cartes. Il y a d’autres formes d’interaction du même type, mais rien pour embêter à tout point nos adversaires.

Si l’on joue à 2 joueurs, l’aire de jeu est assez grande pour qu’on ne se pile pas sur les pieds, chaque joueur pourra faire à peu près ce qu’il voudra sans interférence. Mais si l’on joue à 5 joueurs, là, on change un peu la dynamique. Mouvements plus restreints, cartes convoitées prises par un autre joueur ou balayées. Si l’on veut un peu plus de tension, augmenter le nombre de joueurs est pour moi la méthode la plus simple.

La thématique Steampunk de l’univers Scythe

Expeditions, étant en quelque sorte une suite de Scythe, reprend le même univers et la même thématique. On se retrouve plongé dans un monde parallèle des années 1920 aux allures steampunk. De grosses machines, des mechs, sont utilisées à toutes les sauces. Dans le cadre du jeu Expeditions, on continue de bien s’imprégner de cet univers. Là, j’accroche un peu moins, c’est le lien entre la mise en situation du jeu et l’objectif final. Des chercheurs ont disparu après s’être rendus à la météorite et ce que les joueurs cherchent à faire, c’est de s’en mettre plein les poches. Afin d’être un peu plus consistant avec la mise en situation, j’aurais peut-être compté des scientifiques secourus plutôt que de l’argent.

Expeditions est un jeu qui m’a bien plu par son univers et sa facette d’exploration. Trouver le moyen de tirer profit des différents bénéfices disponibles, essayer les différents mechs et personnages. On a même une feuille sur laquelle inscrire différentes réalisations à mesure que l’on joue des parties. Ce jeu est une belle découverte et je le recommande à quiconque qui veut s’essayer à un jeu accessible de niveau intermédiaire.

Bref, si vous aimez les jeux mélangeant plusieurs mécaniques dans un univers Steampunk, alors Expeditions est pour vous!

On aime Expeditions pour:

– Le look de la boîte et les illustrations magnifiques de Jakub Rozalski;
– Les règles du jeu bien expliquées;
– Le matériel de très bonne qualité;
– Les grosses figurines détaillées;
– Le rangement efficace dans la boîte;
– La rejouabilité avec les différents mechs et personnages;
– Un jeu accessible à tous les joueurs initiés (intergénérationnels);
– L’interaction modérée entre les joueurs;
– La thématique steampunk de l’univers Scythe;
– Les mécaniques de jeux qui se complètent;
– Un jeu fluide, il se joue bien.

On aime moins Expeditions pour:

– Le volume de la boîte;
– L’objectif du jeu qui s’aligne plus ou moins bien avec la thématique;
– La mise en page ordinaire du livre de règle.

Merci à notre partenaire Stonemaier Games de nous avoir offert
une copie du jeu Expeditions pour cette chronique.

Nous vous invitons à découvrir d’autres jeux de ce distributeur
en lisant notre chronique sur le jeu Libertalia: Winds of Galecrest