Il y a eu une révolution technologique. Mais ce n’est pas celle qu’on pensait. Au lieu de nous permettre d’avoir un meilleur contrôle sur la réalité, cette révolution nous a permis d’y échapper. Différents mondes virtuels ont été créés : médiéval, science-fiction, western et plus encore. La majorité de l’Humanité est désormais connectée à ces “Verses” en permanence pour échapper à la vie réelle. C’est dans cette ambiance cyberpunk et dystopique que nous plonge Virtual Revolution!
Virtual Revolution
Auteurs : Guy-Roger Duvert et Cyril Villallonga;
Illustrateur: Benjamin Sjöberg;
Éditeur: Studio H;
Distributeur: Randolph;
Nombre de joueurs: 2 à 4 joueurs;
Durée: 90 minutes;
À partir de: 14 ans et +;
Thématiques: Réalité virtuelle et corruption;
Mécaniques: Jeu de plateau, de contrôle de territoire, de stratégie et d’influence.
C’est quoi le but?
Chaque joueur est à la tête d’une multinationale, créatrice d’univers virtuels. Chaque multinationale souhaite prendre le contrôle de Néo Paris en augmentant son influence dans les divers arrondissements et districts de la ville. Il faudra construire des serveurs, mettre des Verses en ligne et utiliser des agents pour parvenir à nos fins.
Comment on joue?
Une partie de Virtual Revolution se divise en 5 manches durant lesquelles chaque joueur aura 3 tours. Le tour d’un jour se déroule en 3 étapes.
1 – Placer un de ses directeurs dans un arrondissement de Néo Paris : Il n’y a pas de restriction de placement, on peut le mettre n’importe où;
2 – Influence : Le joueur peut décider de retirer un jeton d’influence adverse de l’arrondissement du directeur ou si l’arrondissement est vide, le joueur peut y déplacer un de ses propres jetons de sa réserve ou d’un autre arrondissement. Deux des trois possibilités octroient une carte Corruption au joueur;
3 – Effectuer une action : Il y a 5 actions principales qui peuvent être effectuées.
Les 5 actions
Travailler : C’est la plus simple des actions. Elle permet au joueur de gagner 5 Euro crédits (monnaie de Virtual Revolution);
Recruter un agent : Si le directeur se trouve à portée d’un agent, il peut le recruter au coût de 4 Euro crédits. Le joueur prends ensuite la carte de l’agent du plateau et la met dans sa zone d’agent en service;
Construire un serveur : Pour pouvoir construire un serveur, le joueur doit contrôler un arrondissement sans serveur adverse et dont le district ne contient pas déjà un de ses propres serveurs. Le joueur peut alors débourser 10 Euro crédits pour placer un pion serveur dans l’arrondissement. Cela permet également d’augmenter les revenus du joueur et de gagner un jeton “2 points bonus”. En contrepartie, le joueur reçoit une carte Corruption;
Créer un Verse : Le joueur doit débourser 7 Euro crédits pour créer un des 5 Verses disponibles près du plateau. Il peut payer 2 Euro crédits pour renouveler les possibilités. Le Verse créé est placé du côté “Loading” sauf s’il se met en ligne automatiquement. La plupart des Verse ont une condition à remplir pour les mettre en ligne. Le joueur doit également prendre une carte Corruption en plus d’augmenter ses revenus;
Faire un don : Le joueur peut payer 1 ou 3 Euro crédits pour se débarrasser de une ou deux cartes Corruption. Il peut aussi payer 3 Euro crédits pour se prendre un jeton Immunité.
Actions “gratuites”
Je les appelle ainsi, car elles n’ont pas de noms officiellement. Après avoir placé son directeur et jusqu’à la fin de son tour, le joueur peut effectuer une ou plusieurs actions gratuites.
Activer un titre : Lorsqu’un joueur contrôle tous les arrondissements d’un district, il en gagne le titre. Ce dernier vaut 10 points à la fin de la partie et possède une capacité spéciale pouvant être activée une fois par manche;
Utiliser un agent en service : Chaque agent à une capacité qui peut être utilisée une fois par manche. La capacité dépend du type de l’agent (combattant, technicien ou diplomate);
Promouvoir un agent : Chaque agent a un effet de promotion qui peut être activé une seule fois dans la partie. Ensuite, l’agent est soit mis de côté (et est ainsi protégé pour le décompte de points final de la partie) ou bien il est transformé en “boost” (il bonifie une des 5 actions mentionnées plus haut). Certains effets du jeu pourraient faire en sorte que le joueur perd cet agent;
Récupérer des jetons d’influence : À chaque fois qu’un jeton d’influence est retiré d’un arrondissement, il est posé dans la zone de recyclage. Y reprendre nos jetons permet de gagner de l’argent, des jetons Immunité, perdre des cartes Corruption ou bien de regarder la prochaine carte Nécromanciens.
Fin de la manche
Quand tous les joueurs auront placés leurs directeurs et complétés leurs tours, 5 étapes se succèdent avant le début de la prochaine manche :
Corruption et perquisition : Pour chaque joueur possédant au moins 5 Corruption, Interpol effectue une perquisition et les joueurs ciblés doivent subir les conséquences de toutes les cartes qu’ils ont en main. Un jeton Immunité peut annuler l’effet d’une carte Corruption;
Attaque des Nécromanciens : Ces terroristes souhaitent libérer la population des Verses. Pour y parvenir, ils vont tenter de vous hacker. En fonction de leur positionnement sur la piste des revenus, les joueurs subissent diverses conséquences. Elles aussi peuvent être prévenues par des jetons Immunité;
Détermination de l’ordre du tour : Partant du joueur ayant le plus de jetons d’influence sur son plateau vers celui qui en a le moins, les joueurs choisissent dans quel ordre ils vont jouer la prochaine manche;
Revenus : Chaque joueur reçoit des Euro crédits selon leur position sur la piste des revenus;
Entretien : On défausse un Verse de la sélection pour en mettre un nouveau, on renouvelle tous les agents disponibles, on récupère les directeurs et on redresse toutes les cartes.
OK, et Virtual Revolution se termine quand?
À la fin de la cinquième manche, une dernière perquisition et une dernière attaque des Nécromanciens se produisent. Ensuite, on fait le décompte des points. L’argent, les revenus, le contrôle des arrondissements, les serveurs, les Verses, les titres, les agents et les cartes objectifs permettent de gagner des points. Le joueur ayant le plus grand total est déclaré vainqueur de Virtual Revolution.
Ce que je pense de Virtual Revolution?
Dès la première page du livre des règles, il est indiqué que le jeu est basé sur un film du même titre et réalisé par l’un des deux designer du jeu (Guy-Roger Duvert). Il y a aussi un livre qui est paru, servant de préquel au film. Étant un curieux naturel, j’ai écouté le film pour bien comprendre la thématique de Virtual Revolution.
La thématique du jeu
Pour faire un bref résumé du film, on suit un agent (interprété par Mike Dopud) qui travaille pour une grosse multinationale. Il enquête principalement sur des civils connectés aux Verses qui meurent mystérieusement. Ces morts sont attribués aux Nécromanciens qui souhaitent rendre la liberté à la population, constamment connectée. L’agent se trouve alors au milieu d’un conflit impliquant une multinationale, les Nécromanciens et Interpol. Il y a une bonne réflexion sur le choix et sur la liberté dans ce film. Sans être un grand film, je vous le conseille pour cet aspect.
Après avoir vu le film, on sent bien qu’on est dans le même univers. Il y a des multinationales qui emploient des agents pour faire le sale boulot. Bien qu’Interpol et les Nécromanciens prennent une place importante dans le film, leur présence se voit plutôt minimisée dans le jeu de société, qui lui, fait plus de place à la compétition entre les multinationales.
Le fonctionnement de Virtual Revolution
Un aspect important du jeu est le contrôle de territoires. Afin de gagner de titre (qui rapportent des points et des capacités spéciales), il faut prendre le contrôle de tous les arrondissements d’un district. Également, pour pouvoir construire des serveurs, il faut contrôler des arrondissements. Ce qui mène à une chaude lutte entre les joueurs. On se retrouve souvent à jouer dans les plates-bandes de nos adversaires : on se vole des territoires et des titres!
Thématiquement, par contre, je ne vois pas trop comment cela s’agence bien. De la façon que je le vois, un serveur pourrait être construit n’importe où, en autant qu’il soit connecté au réseau. Puis, les Verses peuvent être mis en ligne et tout le monde peut s’y connecter. Je n’y trouve pas trop le sens de contrôler des arrondissements puisque, toujours selon la thématique, les Verses sont virtuels et non pas “physiques”. Mais cela n’enlève pas le fun du jeu.
Les cartes Corruption peuvent amener leurs lots d’ennui : perdre un Verse, perdre de l’argent, perdre un agent, etc. Mais en jouant, on a trouvé qu’elles sont plutôt un inconvénient mineur. Il est souvent arrivé que lorsqu’il y avait des perquisitions, plus de la moitié des cartes n’avaient pas d’effets. Elles ciblent souvent des Verses, districts (et autres) précis. Si tu n’en as pas tant mieux, pas de conséquences! On peut facilement filtrer les quelques cartes problématiques par l’action du don. Les vraies conséquences viennent des cartes Nécromanciens. Elles ont plus d’impact et il est plus dur de s’en protéger.
Le look et le matériel de Virtual Revolution
Étant plutôt sombre, la boîte ne saute pas aux yeux. Elle n’a rien pour piquer la curiosité d’un possible acheteur. Par contre, le style visuel de son contenu est à mon avis très bien réussi. On sent bien le côté cyberpunk par le design futuriste et les couleurs qui peuvent faire penser aux “néons”. On a de belles illustrations sur les cartes Agents et Verses. Ça nous plonge vraiment dans l’univers de Virtual Revolution.
On a une bonne quantité de matériel dans la boîte. Les joueurs ont chacun une vingtaine de jetons d’influence auxquels s’ajoutent les meeples de directeurs, les marqueurs de revenus et de tour de jeu. Il ne faut pas oublier les pions serveurs qui sont gros, en bois et de formes uniques à chaque multinationale. Cela ajoute un petit plus dans le côté visuel du jeu. Les plateaux des joueurs sont d’une forme particulière, pensée pour accueillir les différents éléments en cours de partie. Le tout est tout de même de bonne qualité. Je n’ai rien à redire à ce sujet.
Est-ce que mon enfant de 8 ans peut jouer à ce jeu?
Réponse courte : je le déconseille fortement. Pour la simple et bonne raison qu’il y a beaucoup de choses à surveiller partout sur le plateau et que Virtual Revolution requiert de la stratégie. Ce n’est pas un jeu que je recommanderais à un néophyte. Les mécaniques de jeu en soi ne sont pas compliquées, mais c’est l’agencement du tout qui donne sa complexité au jeu. Détrompez-vous, ce n’est pas un jeu archi-difficile, je le qualifierais d’intermédiaire. Les différentes avenues pour faire des points nous amènent à faire des choix. On peut focuser sur la création de Verses ou de construire plein de serveurs par exemple. Ou bien faire un peu des deux. Il faut s’adapter aux actions des adversaires et trouver la meilleure façon de s’en tirer.
Le livre des règles explique assez bien le fonctionnement du jeu. Le tout est bien ordonné et illustré de quelques exemples ici et là. Certaines règles manquant aussi de clarté, surtout dans l’index qui explique l’effet des cartes. Pour plusieurs cartes, l’index ne révèle rien de plus que ce qui est écrit sur la carte, donc on peut rester indécis sur l’effet d’une carte. Ce qui peut rendre le jeu un peu lourd est l’iconographie et la taille de caractère. Le jeu prend une place non négligeable sur la table et il devient difficile de lire et/ou de comprendre ce qui est à l’autre bout de l’air de jeu. Les icônes ne sont pas toutes les plus intuitives. Heureusement qu’il y a un rappel au dos du livre de règles.
Mot de la fin
Virtual Revolution n’a rien de novateur dans ses mécaniques de jeu. L’univers est intéressant, mais parfois la thématique a plus ou moins de sens avec la mécanique de jeu. Toutefois, je trouve que c’est un bon jeu qui mérite d’être découvert. Si on ne possède pas déjà un jeu de contrôle de territoire, Virtual Revolution peut être une bonne option pour vous. Il y a beaucoup d’interactions entre les joueurs avec de réels impacts et il y aura une bonne ambiance compétitive autour de la table.
Bref, si vous aimez les jeux de contrôle de territoire très compétitif dans un univers cyberpunk, alors Virtual Revolution est pour vous!
On aime Virtual Revolution pour:
– Le look de la boîte et les illustrations rendant bien l’univers dans lequel le jeu nous plonge;
– Les règles du jeu assez bien expliquée;
– Le matériel de bonne qualité et les pions serveurs unique à chaque joueurs;
– La rejouabilité avec la mise en place aléatoire et les cartes Nécromanciens variables d’une partie à l’autre;
– L’ambiance très compétitive autour de la table;
– Un jeu accessible à tous les joueurs intermédiaires;
– L’interaction élevée entre les joueurs;
– La thématique intéressante basé sur le film du même nom;
– Lees mécanique de jeux qui fonctionnent bien ensemble;
– Un jeu fluide, il se joue bien.
On aime moins Virtual Revolution pour:
– Une certaine incohérence entre thématique et mécanique de jeu (contrôle de territoire);
– L’impact relativement négligeable des cartes Corruption;
– La place minimisée d’Interpol et des Nécromanciens dans le jeu vis-à-vis le film;
– Un manque d’innovation dans les mécaniques du jeu.
On aurait aimé:
– Une composante/mécanique de jeu liée au hacking.
Il est à noter que:
– Si vous n’aimez pas être embêté par les autres joueurs, alors il vaut mieux éviter ce jeu.
Merci à notre partenaire Randolph de nous avoir offert
une copie du jeu Virtual Revolution pour cette chronique.
Nous vous invitons à découvrir d’autres jeux de ce distributeur
en lisant notre chronique sur le jeu Turing Machine