Space Base et extensions, avis et chronique de jeu

Les jeux à thématique spatiale sont en grande majorité associés aux combats intergalactiques ou à l’exploration des confins de l’univers. Space Base et extensions offrent une expérience bien différente, celle de la gestion d’une flotte de vaisseaux. Transport, commerce et ravitaillement sont au cœur de l’activité intergalactique. Mais il y a plus! Avec les extensions Shy Pluto et Terra Proxima, l’expérience de jeu prend une dimension scientifique et diplomatique… dans une rencontre du troisième type!

Space Base
Auteur: John D. Clair;
Illustrateur: Chris Walton;
Éditeur: Alderac Entertainment Group (AEG);
Distributeur: Asmodee Canada;
Nombre de joueurs: 2 à 5 joueurs (jusqu’à 7 avec l’extension Command Station);
Durée: 60 minutes;
À partir de: 14+;
Thématiques: Conquête spatiale, flotte de vaisseaux, espace intergalactique, science-fiction, commandement;
Mécaniques: Jeu de course, de dés, de draft, de production de ressources, de combos, de réactions en chaîne et de scénarios (extensions).

C’est quoi le but de Space Base ?

Dans Space Base, les joueurs incarnent des commodores de flotte de vaisseaux intergalactiques désirant obtenir le grade d’amiral. Chacun gère une série de spatioports afin d’en optimiser l’efficacité. Ils doivent manœuvrer avec intelligence les vaisseaux-cargos, vaisseaux miniers et porte-vaisseaux de manière à maximiser le rendement de la flotte et ainsi, voire croître leur influence. Le joueur qui aura le plus d’influence (points de victoire) en fin de partie décrochera le poste tant convoité!

Comment on joue à Space Base ?

En début de partie, chacun des joueurs reçoit sa propre console de commandement. On y dispose trois cubes de couleurs qui indiquent le niveau de crédit (monnaie du jeu), de revenus et de point de victoire. On remet un paquet de 12 vaisseaux de départ à chacun des joueurs. Les cartes sont placées chacune dans l’un des 12 spatioports qui lui est dédié par un numéro.

Au centre de la table, on retrouve des cartes colonies (12 en tout), le chantier naval (3 séries de 6 cartes; 6 de niveau 1, 6 de niveau 2, 6 de niveau 3), deux dés (ou plus, selon qu’on ajoute ou non des extensions) et une réserve de cubes de ressource neutres. D’autres types de ressources peuvent se trouver au centre de la table si des extensions sont en jeux : vaisseaux patrouilleurs, dés du Dévoreur des mondes, cubes de plutonium, et certains éléments à découvrir dans des boîtes mystères!

Débuter

À tour de rôle, les joueurs seront désignés joueur actif. Ce joueur lance les dés et tous les joueurs appliquent les effets des dés selon qu’ils sont actif ou passif : récolte de crédit, augmentation du revenu, gain de points de victoire, récolte de ressource et autres actions en fonction qu’on joue avec ou sans les extensions.

Lorsque les deux dés sont lancés, chaque joueur attribue les dés à un ou deux secteurs de son spatioport. Soit en prenant le chiffre de chacun des dés séparément, soit en les additionnant. À titre d’exemple, un roulé de dés avec un 5 et un 3 permet d’activer soit les secteurs 3 et 5 ou bien, le seul secteur 8. Un code de couleur sur les cartes détermine à quel moment on peut recevoir les bénéfices :

– Bleu : seul le joueur actif récolte les bénéfices (si le vaisseau est amarré au port)
– Rouge : seuls les joueurs passifs reçoivent les bénéfices (si le vaisseau est déployé dans le secteur)
– Vert : tous les joueurs perçoivent les bénéfices (peu importe que le vaisseau soit amarré ou déployé)
– Jaune : le joueur obtient les bénéfices au moment de l’acquisition de la carte seulement
– D’autres couleurs interviennent : pour ne pas divulgâcher les surprises des extensions, nous n’en parlons pas ici.

Agir

Puis, le joueur actif a la possibilité d’acquérir un ou des nouveaux vaisseaux du chantier naval, de bâtir une colonie et d’effectuer une ou plusieurs actions du scénario (lorsqu’on joue avec un scénario).

Lorsqu’un joueur achète un nouveau vaisseau, il le place dans le spatioport correspondant à son numéro, à moins qu’un autre vaisseau ne permette de le placer ailleurs. Pour se faire, le vaisseau qui est déjà au port est déployé. On retourne la carte de 180 degrés et on la glisse sous le plateau du joueur, devant l’emplacement du port concerné. On dit alors que le vaisseau est déployé dans le secteur X. Le port étant maintenant libéré, on y place la nouvelle acquisition. Plus la partie avance, plus le nombre de vaisseaux déployés augmente, tout comme les bénéfices qu’on en retire.

Au nombre des bénéfices qu’on peut gagner, des points d’influence. Ce sont ni plus ni moins les points de victoire. Toutes les autres ressources n’ont d’importance que pour obtenir le plus rapidement ces points.

Fin d’un tour

Une fois le tour du joueur actif terminé, s’il est besoin, on réapprovisionne le chantier naval (certaines règles et d’autres actions de fin de tour s’appliquent en fonction des extensions). Le joueur actif s’assure de faire correspondre ses crédits à ses revenus. Puis, il donne les dés au joueur situé à sa gauche. Ce joueur devient le joueur actif et débute son tour, soit en utilisant une de ses capacités, soit en lançant les dés.

OK, et le jeu se termine quand?

La fin de la partie est déclenchée dès lors qu’un joueur (qu’il soit actif ou non) franchit le cap des 40 points d’influence. On termine alors la ronde en cours, jusqu’à ce que chacun des joueurs aient été joueurs actifs un même nombre de fois. À la fin de cette ronde, le joueur ayant le plus d’influence remporte la partie et est déclaré amiral de la flotte intergalactique.

C’est tout?

Space base a connu un franc succès et quelques extensions sont disponibles. Certaines ajoutent une petite touche au jeu alors que d’autres en renouvellent complètement l’expérience… et le plaisir!

« Dreadnought Pack ».

C’est une mini-extension de 12 cartes de vaisseaux niveau 2. Les nouveaux vaisseaux permettent notamment des avantages sur les résultats double des dés. C’est davantage un article promotionnel (associé aux campagnes de sociofinancement) qu’une extension en soi.

« Biodôme ».

Cette mini-extension présente de nouveaux vaisseaux et colonies qui ajoutent de nouvelles capacités. Les vaisseaux Hypernet peuvent notamment être amarré dans n’importe quel secteur. Certaines des nouvelles colonies offrent des capacités permanentes à utiliser tout au long du jeu.

« L’émergence de Pluton, la planète timide » (The emergence of Shy Pluto).

Il s’agit de la première extension à scénarios. Du matériel supplémentaires (des dés, des cartes, des jetons et plus encore), des cartes histoire et des cartes découvertes, deux boîtes « mystère » contenant du (beau!) matériel. Sans divulgâcher, on peut toutefois dire que cette extension a notamment pour avantage d’accélérer l’acquisition de nouveaux vaisseaux, qu’elle introduit de nouvelles mécaniques de jeu (qui peuvent devenir permanentes si on le souhaite) et renouvelle définitivement l’expérience de jeu. Je rassure tout de suite : aucune destruction de matériel dans ce mini-legacy.

« Les mystères de Terra Proxima » (The mysteries of Terra Proxima).

C’est la seconde extension à scénarios. Tout comme la première, nouveau matériel, nouvelles mécaniques, nouvelles boîtes « mystère ». En plus de l’apparition d’un treizième secteur, les éléments du jeu vont modifier la destinée de certaines colonies. Mais c’est déjà trop en dire… à découvrir dans les boîtes « mystère »!

« Command Station ».

C’est d’abord une extension qui permet de jouer jusqu’à 7 joueurs. Il s’agit donc d’une boîte plus grande servant à contenir le jeu de base et toutes les extensions. C’est également des cartes vaisseaux qui sont déployées dès la mise en place du jeu, avant les premiers lancers de dés. Ces vaisseaux ont pour fonction de permettre le déploiement de vaisseaux, même si on n’est pas le joueur actif. La boîte renferme également sept paires de dés aux couleurs des joueurs ainsi que des sleeves pour toutes les cartes du jeu de base de chacune des extensions. Notons qu’un livre de règles incluant les règles de chacune des extensions a été édité pour cette extension.

Ce que je pense de Space Base et extensions ?

J’ai été initié à Space Base pratiquement à sa sortie, suite à une campagne de sociofinancement. La partie découverte à 5 joueurs avait été plaisante… sans plus pour ma part. Ce n’est que deux ans et demi plus tard que j’y ai rejoué dans une partie à deux joueurs et j’y joue maintenant très régulièrement. À l’heure d’écrire ces lignes, j’ai encore beaucoup de plaisir à y jouer, surtout depuis l’ajout d’extensions!

Avant d’aller trop loin, parlons d’abord du matériel! De bonne qualité, il répond bien aux besoins. La taille et la robustesse des cartes est parfaite pour leur usage. N’oublions pas qu’elles sont manipulées à plusieurs reprises. Pour les amateurs de sleeves : bonne chance! Leur manipulation peut devenir difficile lorsqu’il y a une grande quantité de vaisseaux déployés dans un même secteur. Le cumul de plusieurs cartes provoque parfois un glissement et elles se retrouvent entre deux secteurs. Notez que l’extension Command Station vient avec des sleeves!

Le livret de règles.

Sa taille impressionnante de 32 pages ne doit pas décourager le joueur. En réalité, seules 8 des 32 pages sont réellement nécessaires à lire pour être en mesure de jouer. Pourquoi un tel nombre alors? Tout est clair, précis, exemplifié et illustré. Mais parfois, trop c’est comme pas assez. Il y a notamment :

– dix pages consacrées aux détails des bénéfices des cartes (un genre de faq);
– une liste de deux pages de tous les vaisseaux (est-elle réellement nécessaire ?);
– beaucoup (trop ?) d’exemples et d’illustrations.

En ce qui a trait au visuel artistique, le travail est très bien réalisé. L’iconographie et le code de couleur sont clairs, l’écriture est de bonne taille pour la lisibilité et les illustrations sont thématiques sans être criardes ou distrayantes. Certains diraient qu’il y a une certaine redondance dans les illustrations mais cela ajoute à la thématique des vaisseaux de même classe. On aurait toutefois souhaité que les illustrations sur les cartes soient à la hauteur des promesses de l’illustration de la couverture de la boîte.

Somme toute, la mise en place n’arrive qu’à la page 10 et le déroulement d’une partie à la page 12. Il aurait peut-être été profitable d’avoir deux livrets distincts : l’un pour l’apprentissages des règles et l’autre pour tous les détails supplémentaires.

L’expérience de jeu.

Space Base est conditionné par deux dés (dans la version de base). Est-ce donc un jeu de hasard? Oui… mais non! L’intérêt du jeu vient justement dans l’équilibre recherché par l’achat de vaisseaux qui auront non seulement des bénéfices, mais également des capacités (permanentes et non dépendant des dés). Bien que le hasard occupe toujours une place prépondérante dans le jeu, à moins d’être sous le coup d’une terrible malédiction – ou d’enchaîner les mauvais choix – la variété et le tirage des cartes du marché suffit à bâtir une stratégie capable de compenser certains lancés de dés moins favorables.

Quoi qu’il en soit, j’ai remarqué une inconstance des résultats finaux. Un grand nombre de parties se terminent avec des résultats assez serrés. C’est une course enlevante aux points de victoire dans les quelques derniers tours de jeu! Il n’en demeure pas moins que plusieurs parties (en mode jeu de base) se terminent avec un écart important entre le premier et le dernier joueur. Parfois plus de 20 points d’écart (ce qui représente la moitié!). Outre les résultats, il y a une réelle satisfaction à bâtir sa flotte et à optimiser ses combos.

Nombre de joueur

Prévu pour deux à cinq joueurs (jusqu’à sept avec les extensions), certains trouvent un réel plaisir dans une confrontation en duel. À deux joueurs, le déploiement des vaisseaux est régulier et rapide. Le jeu est nerveux. Les combos sont optimisés par les cartes de niveau 1. On déploie davantage de cartes et on bâtit sur le long terme. Les parties, étrangement, peuvent être légèrement plus longue à deux comparativement à celles de plusieurs joueurs.

D’autres diront que plus le nombre de joueurs est présent autour de la table, plus le jeu donne son meilleur. À cinq joueurs, la partie est plus lente à démarrer mais une fois la machine partie, le déploiement de vaisseaux de plus grandes valeurs (et donc de plus grandes puissances) devient extrêmement satisfaisant. L’extension qui permet de jouer à six ou sept joueurs propose une nouvelle mécanique : les cartes prédéployées. Ces cartes permettent de déployer des vaisseaux alors que nous ne sommes pas le joueur actif, ce qui accélère encore le déroulement.

Débuter plus rapidement

Une variante « vitesse de la lumière » permet un démarrage plus rapide, plus satisfaisant. Cette variante offre le plaisir de débuter avec plus d’une carte déployée. Personnellement, j’utilise toujours cette variante. Une fois les codes du jeu assimilés, certaines parties peuvent se dérouler en moins de 45 minutes. Il faut toutefois le courage de deux ou trois premières parties, replonger dans certaines règles pour en être certain. L’idéal est de jouer une première partie avec un joueur qui connaît bien le jeu.

Bien que ce jeu soit un multijoueur, il n’y a pas de réelle interaction, du moins pas directe. C’est chacun son tableau. Nous ne sommes pas dans une thématique de guerre ou d’affrontement mais plutôt de gestion de flotte et de course à la gloire. Il y a bien un (très) petit nombre de cartes pouvant faire perdre des points de victoire aux autres joueurs. En même temps, il aurait été trop frustrant de se voir voler ou détruire un vaisseau alors qu’on est dans une construction de tableau. C’est donc un jeu moins agressif.

Moins agressif, mais loin d’être passif! Il n’y a aucun temps mort. Qu’on soit ou non le joueur actif, il y a toujours une ou plusieurs actions à poser à chaque lancé de dés. Cela est encore plus vrai avec les extensions.

Space Base et extensions

À mon sens, Space Base est un jeu parfait quand on y joue avec les extensions à scénario. Ce serait le rêve d’avoir une extension nouvelle à chaque année! Le jeu de base initie aux mécaniques principales, à l’optimisation des combinaisons et à l’usage des différentes classes de vaisseaux. Sans divulgâcher, les extensions permettent d’en tirer un maximum de plaisir en offrant :
– de nouvelles mécaniques et du nouveau matériel (bienvenue aux amateurs de dés);
– des défis et objectifs indépendants des points de victoire (nouvelle condition de fin de partie);
– une forme de coopération ou, du moins, de complicité entre les joueurs;
– dans certains scénarios, un aspect de combat orienté vers une cible commune;
– des compétences et bénéfices pour certaines colonies;
– un aspect legacy qui transforme l’expérience de jeu dans l’immédiat mais aussi dans le temps en offrant des options pour les prochaines parties;
– et bien d’autres choses qu’on ne peut écrire sans révéler le contenu des boîtes mystères!

À ce sujet, je remercie notre partenaire Asmodee Canada d’avoir fournie l’extension « Terra Proxima » pour le bien de cette chronique. J’ai raffolé de Shy Pluto et Terra Proxima est tout aussi passionnant! Honnêtement, Space Base est un très bon jeu. Il devient excellent avec ses extensions!

Bref, si vous aimez les jeux de dés, de draft et de mécaniques simples, alors Space Base et extensions sont parfaits pour vous!

On aime Space Base et extensions pour:

– Sa mécanique simple et efficace;
– L’iconographie intuitive et le code de couleur pratique;
– Les extensions qui renouvellent complètement l’expérience du jeu;
– L’équilibre durée/plaisir;
– Son accessibilité (12 ans sans soucis);
– Le plaisir et l’absence de temps morts, qu’on soit deux ou cinq joueurs (ou plus);
– Le travail artistique qui est au service du jeu et de l’immersion;
– La qualité du matériel (et la beauté de ses dés);
– La part de hasard balancée par les diverses options proposées aux joueurs;
– Son prix abordable.

On aime moins Space Base et extensions pour:

– L’espace requis pour installer le jeu;
– Le temps d’installation et de rangement qui est long;
– Le manque de code de couleur pour les personnes daltoniennes qui ne peuvent profiter pleinement de l’expérience du jeu;
– Le livret de règles qui est inutilement volumineux.

On aurait aimé:

– Un plateau avec une piste à double épaisseur pour y insérer les cubes marqueurs de crédits, revenus et points de victoires;
– Que les extensions soient traduites en français.

On aimerait:

– De nouvelles extensions à scénarios.

Merci à notre partenaire Asmodee Canada de nous avoir offert
une copie de l’extension Terra proxima pour cette chronique.

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Lisez notre chronique sur le jeu MiniVilles.