Il y a des classiques qui ne se démodent pas. L’industrie du jeu de plateau ne fait pas exception à la règle. Ainsi, certains jeux sont « de leur époques » alors que d’autres, parfois aidé d’un petit relooking, traversent les décennies et rassemblent des générations de joueurs. Pour ce faire, nul besoin de réinventer la roue. Parfois, un simple paquet de cartes et quelques jetons suffisent à mettre l’ambiance souhaitée en quelques instants à peine. Au nombre de ces jeux qu’on peut citer en exemple, Non Merci, un jeu créé en 2004 par Thorsten Gimmler. Depuis, il a été éditer par plus d’une vingtaine de maison d’éditions dans le monde en pratiquement autant de langues. Gigamic introduit une nouvelle version sur le marché francophone en 2020.
Non Merci
Auteur: Thorsten Gimmler;
Illustrateur: Zongoh;
Éditeur: Gigamic;
Distributeur: Randolph;
Nombre de joueurs: 3 à 7 joueurs;
Durée: 20 minutes;
À partir de: 8+;
Thématique : Jeu d’ambiance, pointage négatif: le moins de points l’emporte;
Mécanique : Jeu d’enchères, de ressources à valeur variable, de collection, de rentre-dedans et « quitte ou double ».
C’est quoi le but?
Non Merci engage les joueurs à poser des choix souvent difficiles. À son tour de jeu, soit on récupère une carte au centre de la table et on reçoit des points négatifs, soit on refuse de la prendre (d’où le nom du jeu : Non merci!), mais en y perdant un jeton (point positif). En fin de partie, le joueur avec le moins de points négatifs remporte la victoire.
Comment on joue?
La partie débute alors qu’on mélange les trente-trois cartes ayant des valeurs de 3 à 35. On retire alors neuf cartes qui demeureront secrètes. Les vingt-quatre autres cartes constituent désormais la pioche. Les joueurs reçoivent un certain nombre de jetons en fonction du nombre de joueurs. Ces jetons demeurent cachés tout au long de la partie.
Le premier joueur, désigné par une méthode de votre choix, retourne alors la première carte de la pioche, face visible à tous les joueurs. Vient le premier choix :
– soit il récupère la carte et la pose face visible devant lui;
– soit il refuse la carte en y déposant un de ses jetons.
Lorsqu’un joueur refuse une carte, c’est au joueur suivant de poser le même choix. Si un joueur n’a pas de jeton en sa possession, il est obligé de prendre la carte.
Lorsqu’un joueur récupère une carte, il récupère également tous les jetons qui sont sur celle-ci.
Puis, ce même joueur révèle la carte suivante de la pioche et doit décider à nouveau s’il récupère ou non cette nouvelle carte, avec les mêmes conditions. Le tour d’un joueur se termine donc lorsque celui-ci pose un jeton sur la carte ouverte de la pioche.
Tout au long de la partie, les cartes récupérées par les joueurs sont toujours visibles à tous. Elles sont placées de manière telle qu’on puisse distinguer la valeur de chacune d’elle et qu’elles soient disposées en ordre croissant. Les suites de chiffres ne font perdre qu’un nombre de points égal à la valeur de la plus petite carte de la série ininterrompue.
[Exemple photo – suites de cartes]
OK, et le jeu se termine quand?
Lorsque la dernière carte de la pioche a été récupérée par un joueur, on fait le décompte des points. Chaque joueur additionne les valeurs de ses cartes isolées avec les valeurs des plus petites cartes des suites. On retire ensuite autant de points que le joueur a de jetons encore en sa possession. Le joueur qui cumule le moins de points est victorieux.
Ce que j’en pense?
Toute ludothèque qui se respecte se doit de contenir un bon jeu d’ambiance simple à expliquer, accessible à tous, rapide à mettre en place comme à ranger et surtout, avec un potentiel d’amusement élevé. À mon sens, Non Merci! Rempli bien cette fonction.
La petite boîte métallique à penture sur fond bleu, illustre un chat maussade (un clin d’œil à Grumpy Cat?) en train de jeter nonchalamment une carte en bas de la table de jeu. Le titre et la tête du chat sont légèrement embossés, ce qui n’est pas sans attirer l’œil. D’un style assez épuré, les informations que l’on recherche habituellement sont toutes présentes sur la boîte. De plus, la courte description à l’endos du jeu donne pratiquement toutes les informations pour savoir si le jeu correspond à nos attentes. Tout y est, pas de mauvaises surprises!
Du côté matériel, les jetons de plastiques en trois dimensions sont d’un élégant noir-ébène reluisant. Ils sont faciles à manipuler, tant pour les petites mains que pour les mains qui souffrent d’arthrite. Un petit bémol, à force de s’entrechoquer, certains ont de petites marques ou encore des écorchures… mais il faut vraiment plusieurs parties avant d’en arriver là! Les cartes, quant à elles, sont plus grandes que des cartes à jouer de taille plus conventionnelle. Cela a pour effet de les rendre bien visible, surtout lorsqu’on joue à six ou sept joueurs autour d’une grande aire de jeu. Si elles sont plus difficiles à manipuler lors du brassage de cartes, rappelons que c’est la seule réelle manipulation des cartes dans le jeu. On aurait toutefois apprécié que les chiffres en coin des cartes soient disposés de manière telle que la lecture puisse se faire dans deux sens plutôt qu’un. Certains joueurs plus jeunes ou certains adultes ayant des défis de visualisation spatiale éprouvent un peu de difficultés. D’autres éditions avaient pris cela en compte. Quoi qu’il en soit, les cartes sont de très bonnes qualités, avec un fini « coussin d’air » qui facilite la manipulation en évitant notamment que les cartes ne collent les unes sur les autres.
L’expérience de jeu est globalement positive. Autant les plus jeunes que les plus âgés ont manifestés du plaisir pendant et après les parties. Des groupes plus homogènes (plus jeunes / adolescents / résidence de personnes âgées) aux groupes plus diversifiés (familles multigénérationnelles), l’ambiance est au rendez-vous et permet plusieurs rythmes de jeu et rejoint un grand nombre d’intérêt. Sans être un jeu purement stratégique, les personnes qui en sont adeptes sont généralement de bons clients. Par contre, les joueurs qui n’apprécient pas du tout le hasard se lassent vite du jeu.
Au feuillet des règles, on retrouve quelques notes tactiques et stratégiques parsemées çà et là et dont l’expérience du jeu vient rapidement confirmer leur bienfondé.
En plus de l’aspect ludique et amusant, Non Merci introduit des concepts éducatifs pour les plus jeunes et, d’une certaine manière thérapeutique pour les plus âgés. Il est évident que l’apprentissage à ordonner les chiffres et les nombres est bien présent dans le jeu. Au-delà de cela, il permet aux plus jeunes d’aborder l’anticipation, l’attention aux autres joueurs et à leurs intentions, la mémoire (notamment au regard du nombre de jetons potentiels dans les mains des partenaires de jeu) et la gestion du risque.
D’un point de vue affectif, la mécanique de pointage négatif engage l’enfant à accepter une part de contrariété inévitable et à saisir des opportunités souvent inespérées (comme avec les suites de nombres).
Pour les personnes plus âgées ou vivant avec des défis liés à la mémoire ou la motricité fine, Non Merci permet subtilement de garder vive l’attention, de travailler ludiquement la mémoire. De plus, la manipulation des jetons, bien que simple, permet une coordination main-cerveau concrète.
Somme toute, Non Merci est le type de jeu pour lequel, plus il y a de joueurs, plus le plaisir augmente et plus le jeu donne son plein potentiel. C’est également un jeu passe-partout. Il se trimballe aisément vu sa taille, s’explique en quelques secondes à peine et permet à des personnes qui n’ont pas l’habitude du jeu de trouver rapidement leur marque. Ce jeu correspond à un grand nombre de profil : les joueurs calculateur et statisticiens pourront mettre à profit leurs compétences; les joueurs amateurs de « rentre dedans » seront servis; les parieurs auront tout le loisir de gérer leur chance et malchance; ceux qui recherchent un bon prétexte pour rigoler de leurs infortunes et de celles des autres ne seront pas déçus.
En terminant, j’aime beaucoup le jeu de mot que le titre du jeu contient dans la version anglaise : « No merci! » qui peut signifier à la fois, « non, merci » et « sans pitié! ». Car Non Merci est un jeu dans lequel la pitié n’a pas de place!
Bref, si vous aimez les jeux d’ambiance comportant une part significative de stratégie et d’un peu de rentre-dedans et vous permettant de joueur avec des personnes de tout âge alors Non merci est pour vous!
On aime :
– La boîte métallique et le thermoformage qui permettent un rangement parfait;
– La simplicité des règles du jeu et la clarté du feuillet de règles;
– Le matériel pour la qualité globale;
– La durée de jeu qui donne envie de rejouer souvent;
– L’ambiance électrique, un peu tendue mais jamais stressante;
– L’accessibilité intergénérationnel;
– La possibilité à de plus jeunes de jouer sans « grandes personnes »;
– L’interaction indirecte mais tellement présente;
– Le code QR donnant accès à un vidéo explicatif;
– La mécanique efficace et parfois gentiment grinçante;
– Les aspects éducatifs corollaires à l’expérience de jeu;
– Le jeu est d’une grande fluidité.
On aime moins :
– Une certaine fragilité des jetons sur le long terme;
– La disposition des chiffres sur la carte qui ne permet qu’un sens de lecture.
On aurait aimé:
– Des jetons métalliques puisque ce pourrait être sympa et plus durable, quoi qu’on apprécie vraiment la facilité de manipulation des jetons actuels;
– Un design plus présent dans le jeu.
Il est à noter que si :
– Vous êtes une personne allergique au hasard, alors vous pourriez ne pas aimer ce jeu;
– Vous n’aimez pas la fatalité, alors il vaut mieux éviter ce jeu.
8.5/10
Merci à notre partenaire Randolph de nous avoir offert une copie du jeu pour cette chronique.
Nous vous invitons à découvrir des jeux à valeur éducative en consultant notre Top jeux pour apprendre les nombres.