Amateurs de Bollywood, d’épices et de couleurs chatoyantes, approchez! Si le marchand des rues d’Arabie avec ses boniments et le génie excentrique de la lampe vous ont un jour conquis, alors les rues achalandées du Rajasthan et leur marchant de tous les possibles vous attendent dans la grande citée de Jaipur! Oui amis, prenez votre étale sur la grande place du marché, vendez, échangez et achetez! Accumulez les roupies, chargez vos chameaux d’étoffes, d’épices et de pierres précieuses et établissez-vous comme un marchand incontournable pour le maharaja. Bienvenue dans Jaipur, un jeu de Sébastien Pauchon chez Space Cowboys.
Jaipur
Auteur: Sébastien Pauchon;
Illustrateur: Vincent Dutrait;
Éditeur: Space Cowboys;
Distributeur: Asmodee;
Nombre de joueurs: 2 joueurs;
Durée: 30 minutes;
À partir de: 12+;
Thématique : Indes, commerce, richesse;
Mécanique : pioche de carte, marché, gestion de main, collection, manches.
C’est quoi le but?
Jaipur entraîne les joueurs dans les marchés achalandés des Indes pour y faire le commerce de marchandises. Par le biais d’achats, de trocs, de ventes et de primes, les joueurs accumulent les roupies, remportent des sceaux d’excellence pour chaque manche gagnée et la victoire avec deux sceaux d’excellence. Avec la victoire vient le titre de marchand attitré du Maharaja!
Comment on joue?
Présentons d’abord le matériel. Jaipur se joue avec des cartes et de jetons. Les cartes représentent des chameaux (11 en tout) et des marchandises de différentes natures: diamants (6), or (6), argent (6), tissus (8), épices (8) et cuir (10). Les jetons, quant à eux, symbolisent soit des marchandises, des bonus, un chameau ou un sceau d’excellence.
Pour débuter la partie, il faut disposer les jetons marchandises en piles, de manière à ce que l’on puisse en voir le nombre et la valeur et en s’assurant que les jetons de plus hautes valeurs soient sur le dessus de leur pile. On aura donc six piles en bordure de l’aire de jeu, ainsi que les jetons de primes à la vente, ceux-ci face cachée. Entre les joueurs, on constitue également un marché de cinq cartes dont au moins trois chameaux et les joueurs débutent la partie avec cinq cartes en main. Le reste des cartes constituent la pioche. Dès lors qu’un joueur aura une ou des cartes chameau, il ne les gardera pas en main mais les disposera plutôt devant lui en une seule pile, constituant son enclos à chameaux.
Un tour de jeu permet au joueur soit de prendre ou soit de vendre des cartes.
Trois manières de prendre sont possibles:
– acheter une seule marchandise: le joueur prend une des marchandises face ouverte dans le marché, la place dans sa main et comble l’espace laissé vide au marché avec une carte de la pioche;
– échanger plusieurs marchandises: le joueur prend en main au moins deux marchandises (identiques ou non) du marché et les échange contre le même nombre de marchandises provenant de sa main ou de chameaux provenant de son enclos (il est permis de combiner marchandises et chameaux lors d’un échange);
– prendre les chameaux: le joueur qui choisit cette option doit prendre tous les chameaux qui se trouvent au marché puis, après les avoir disposés dans son enclos, comble les espaces laissés vides au marché avec des cartes de la pioche.
La seule restriction au regard de la gestion de la main est qu’à la fin de son tour, un joueur ne peut avoir plus de sept cartes en main. Rappelons que les chameaux ne sont pas des marchandises et que ces cartes ne sont pas “en main”.
Lorsque vient le temps de vendre des marchandises, trois étapes simples:
1- Sélectionnez un seul type de marchandise de votre main et posez autant de cartes que vous souhaitez vendre, face visible, sur l’aire de jeu;
* Pour vendre les diamants, l’or et l’argent, un minimum de deux cartes est exigé;
2- Prenez le nombre de jetons marchandises correspondant au nombre de cartes que vous avez défaussées;
3- Si vous avez fait une vente exceptionnelle (trois cartes ou plus), vous récupérez en plus un jeton bonus correspondant au nombre de cartes vendues.
Les joueurs alternent les tours de jeu jusqu’à ce que la pioche soit épuisée et que le marché ne puisse être complété ou lorsque trois types de jetons ressources soient épuisés. À ce moment, on décompte les roupies (le joueur ayant le plus de chameaux dans son enclos à ce moment remporte un jeton bonus de cinq roupies) et le marchand le plus riche remporte la manche en cours. Il reçoit alors un sceau d’excellence témoignant de sa notoriété. Ceci mène soit à une nouvelle manche ou à la fin de la partie.
C’est tout?
Jaipur est offert en version digitale sur Google Play et l’App Store. Pour cette version, un mode campagne solo exclusif est offert avec plus de dix règles spéciales (nombre de cartes limitées à cinq, ressources à même valeur, ressources limitées, nombre de manches à remporter, etc.). Plus la campagne avance, plus vous êtes en mesure de customiser votre palace. On se promène de ville en ville et les règles du commerce varient. Trois modes de jeu: à deux sur le même appareil, en ligne contre d’autres personnes ou vous pouvez également jouer contre l’intelligence artificielle (qui a un niveau d’un assez bon joueur).
OK, et le jeu se termine quand?
Dès lors qu’un marchand remporte son deuxième sceau d’excellence, la partie se termine. Une partie se déroule donc soit en deux ou en trois manches.
Ce que j’en pense?
Évidemment, la première chose que l’on remarque, lorsqu’on a un jeu en main, c’est le matériel. La petite boîte de Jaipur est agréablement illustrée de couleurs vives. Fait intéressant, en regardant l’endos de la boîte, on peut rapidement avoir une bonne idée du jeu, de ses règles de base et on y suggère même un type de sleeves (pochettes protectrices en plastique transparent) adapté aux cartes du jeu. Parlant des cartes, elles sont parfaites! De taille de cartes type poker, elles sont épaisses, plastifiées avec une finition “coussin d’air” permettant une meilleure manipulation sans que celles-ci ne collent. Nous sommes tout de même en présence de la composante principale du jeu et l’éditeur y a mis du soin. De même, les jetons sont en cartons épais, de taille et d’illustrations suffisamment grosses pour être faciles à manipuler mais pas trop pour ne pas encombrer. De plus, l’iconographie permet aux personnes ayant un trouble de la vision des couleurs d’apprécier le jeu sans aucune restriction. Finalement, le thermoformage qui garde les éléments du jeu en place dans la boîte est soigné, pratique (même pour les gros doigts!) et thématique. C’est une des signatures de l’auteur, Sébastien Pauchon.
Une fois le matériel en main, vient la lecture des règles du jeu. Réalité qui ne prendra que cinq petites minutes pour des heures de plaisirs. Bon, on aurait souhaité que le texte soit écrit dans un caractère un peu plus gros et l’espace ne manquait pas dans le livret. Quoi qu’il en soit, les règles sont simples, rapides à assimiler, bien exemplifiées par des photos et la dernière page offre des précisions fortement utiles ainsi que des conseils stratégiques qu’on nous suggère de lire seulement après la première partie. Je dois avouer que je n’ai pas attendu. Pour quatre petites puces qui prennent moins d’une minute à lire, je me suis exécuté dans la foulée de l’apprentissage des règles. Je comprends l’intérêt d’avoir une partie à notre actif pour être en mesure de mieux saisir ces subtilités, mais au final, les lire avant n’est pas un handicap… au contraire! Parlez-en à mon premier adversaire! L’éditeur propose une cible de 10 ans et plus, mais un jeune de sept ou huit ans qui a un peu d’expérience dans l’univers ludique peut facilement devenir un adversaire redoutable! Oui, le jeu est accessible à des plus jeunes et la durée moyenne d’une partie, soit environ 25 à 30 minutes, est parfaitement adaptée pour cette clientèle.
Bien qu’accessible à des plus jeunes, pour les amateurs de jeux de stratégies plus poussés et les compteurs de cartes et statisticiens, le jeu peu monter à un autre niveau. C’est mon cas. J’ai eu le bonheur de participer à des tournois de Jaipur et je me suis fait un malin plaisir à comptabiliser les points (cachés) et les chameaux de mes adversaires afin de déterminer si je devais déclencher rapidement la fin de la manche car j’étais en avance ou étirer celle-ci pour combler un retard. Il faut croire que c’est assez payant pour avoir remporté quelques tournois! Bien entendu, le facteur “chance” venant de la pioche des cartes est un élément important, mais si on calcule un tant soit peu, on est en mesure de déjouer la pioche et tirer fort honorablement son épingle du jeu! Mais rassurez-vous, si vous n’êtes pas aussi motivés (vous pouvez ici lire “fous” sans que j’en sois vexé) que je le suis, vous y gagnerez beaucoup de plaisir!
La mécanique derrière le jeu Jaipur en est l’élément clef. L’auteur du jeu, Sébastien Pauchon explique que son jeu est né “d’une envie de phase de troc rapide” qui est devenu un marché neutre dans un jeu en duel car, dit-il, “c’est dans cette configuration que le troc a l’impact le plus direct sur l’adversaire”. Oui, on parle bien d’adversaire car Jaipur est un Duel! La mécanique permet un sentiment réel de tension sans toutefois tomber dans la confrontation directe. On ne touche jamais au jeu de l’adversaire mais on peut limiter ses possibilités ou l’engager à poser une action qu’il aurait préféré retarder. Au fil des parties (j’en ai plusieurs dizaines à mon actif maintenant!), je constate que l’enclos à chameaux et la gestion de ces derniers est un des éléments souvent négligés par mes adversaires et cela leur coûte régulièrement la partie! Paradoxalement, Jaipur un jeu dans lequel l’interaction est omniprésente par l’impact des décisions d’un joueur sur l’autre… alors qu’en réalité chacun construit son jeu de son côté! Je pense sincèrement que cela permet la popularité du jeu car tout en préservant l’aspect de confrontation qui plaît à un certain type de joueur, il évite les frustrations de ceux qui aiment moins le “take that”, le “je te vole”, le “je te détruis” ou le “je te domine”.
Au regard de la thématique et de l’ambiance du jeu, Jaipur demeure un jeu abstrait. On aurait facilement pu utiliser la même mécanique dans des thématiques toutes aussi variées qu’improbables. Pourtant, par le choix des illustrations et par les mots employés (ressources, achat, vente, troc, chameau, etc.), la thématique se fait assez présente. Aussi, nous sommes en présence d’un jeu positivement nerveux; les parties sont rapides, il n’y a pas de grand temps d’attente après un joueur, le renouvellement constant du marché permet de se rattraper quand on semble tirer un peu de l’arrière et il est plutôt rare qu’un joueur écrase un adversaire par des pointages extrêmes. Toutes ces caractéristiques permettent une ambiance joyeuse, rythmée et somme toute amicale! Bien que plaçant les joueurs en compétition, la thématique n’est ni agressive, ni destructrice. Si vous désirez ajouter à l’immersion, jouez à Jaipur sur un fond musical Bollywood en laissant l’odeur d’un bon thé aux épices royales agrémenter votre espace de jeu!
La rapidité de la mise en place, la facilité d’explication des règles, la taille du jeu et l’ambiance provoquée en font un jeu de toutes les circonstances. Entre deux parties d’un jeu plus complexe, juste avant le coucher, pendant l’apéro en couple, sur une couverture au bord de la plage, en camping ou dans la chambre d’hôtel? Peu importe le temps ou le lieu, Jaipur semble adapté à toutes les circonstances. J’ai trouvé le moyen d’y jouer en avion… c’est dire!
Pour les amateurs du jeu, l’application pour votre téléphone ajoutera certainement à votre agrément. Offrant le jeu de base au creux de votre main, pour un petit montant d’argent, vous pouvez y jouer contre l’intelligence artificielle ou contre un autre joueur sur le même appareil ou chacun avec son appareil. Les défis qui vous seront proposés dans le mode campagne en solo sont notamment très satisfaisants et renouvellent l’expérience! Si les premiers niveaux sont généralement assez accessibles, certains joueurs mettent plusieurs parties à conquérir de nouveaux territoires! Peut-être vous donneront-ils l’idée de créer vous-mêmes certains défis pour jouer en solo? Bien que les avis soient mitigés sur l’application, ce sont surtout des problèmes de bugs récurrents, notamment lorsque vous téléchargez une nouvelle version de votre système d’exploitation (Android, IOS), qui cause les désagréments. Autrement, les ajouts de l’application sont toutes fortement appréciées et chaudement applaudies par les personnes qui l’ont téléchargée. L’application ne requiert pas le jeu physique.
Bref, si vous aimez les jeux à deux, alliant simplicité et stratégie, plaisir et défis, esthétisme et fonctionnalité alors Jaipur est pour vous!
On aime :
– Le look de la boîte attirant pour l’œil et les illustrations du matériel;
– Les règles du jeu rapides et claires;
– La mécanique qui en constitue le principal intérêt;
– Le matériel de qualité parfaite pour la manipulation répétée;
– La durée des parties dans un bon rapport temps/plaisir;
– L’ambiance de confrontation indirecte et pourtant bien présente;
– Un jeu accessible à tous (avec un potentiel stratégique élevé);
– La thématique sympathique;
– La fluidité du jeu et l’absence de temps mort.
– Le mode campagne en solo proposé par l’application.
On aime moins :
– La petite taille du texte dans le livret de règlements;
– Les bugs de l’application pour les personnes qui l’ont achetée (non nécessaire au jeu physique);
– un certain déséquilibre entre les joueurs plus intuitifs et les joueurs ayant une plus grande capacité de planification stratégique.
On aimerait:
– une extension ou un “print-and-play” reprenant les éléments principaux du mode solo de la campagne offerte en application;
– des jetons plus lourds – style jetons de poker.
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