Chasser du (très) gros gibier. Se protéger et protéger son clan des attaques de prédateurs féroces. Voir sa tribu croître et améliorer ses prouesses technologiques. Tout cela, en vivant dangereusement aux abords d’un volcan qui gronde! Dans le nouveau jeu de Jean-Francois Gauthier, Dinoblivion, vous incarnez un chef de tribu. Avec les autres membres de son clan, il affronte des dinosaures, les chasse et les attaque. Arriverez-vous à assurer la survie de tout votre monde?
Dinoblivion
Auteur: Jean-Francois Gauthier;
Éditeur: Goblivion Games;
Distributeur: Randolph;
Nombre de joueurs: 1 à 2 joueurs;
Durée: 30-45 minutes;
À partir de: 12+;
Thématique : Préhistorique et combats;
Mécanique : jeu de cartes de type deck et pool building avec plusieurs pouvoirs variables et combos.
C’est quoi le but de Dinoblivion?
Dans Dinoblivion, nous incarnons donc le rôle d’un chef de tribu dans le clan soleil ou lune. Ce sont deux clans rivaux. Nous devrons mener l’un deux à la prospérité, la sécurité et la dominance de la terre des dinosaures!
Dans le mode duel, nous affrontons un adversaire. Nous devons cumuler plus de points que lui à la fin de la partie.
Pour le mode solo, les conditions victoires sont différentes: nous affrontons le jeu selon une échelle de difficulté.
En solo ou en duel, il faut donc gérer au mieux les embuches des ennemis, la furie d’un volcan actif et la rage des dinosaures hyperactifs!
Comment on joue à Dinoblivion?
D’abord, une mise en place qui demande quand même quelques minutes. Notez qu’il est possible de ranger votre jeu presque prêt à l’emploi à la fin de votre partie.
Un plateau central représente la jungle. On y place d’abord les cartes volcans et les cartes dinosaures. Le nombre varie qu’on soit en mode solo ou duel. On constitue aussi une réserve de jetons ressources pour chaque joueur. Trois jetons nourriture, six dinosaures apprivoisés (dino) et six meeples représentant des amis.
Dans une réserve commune aux deux joueurs, on place les œufs de dinosaures faces cachées. Un plateau individuel est aussi remis à chacun des joueurs. Contrairement au duel, en mode solo, on ajoute des ressources de départs sur son plateau de joueur. Deux amis et deux nourritures. Finalement, chaque joueur prend ses neufs cartes clans de départ. Puis, il choisit un chef de clan parmi deux révélés au hasard.
Un tour de jeu
À notre tour de jeu, on pioche 4 cartes de notre deck de départ. Avec les cartes en main, nous pouvons alors accomplir une action parmi cinq possibilités. Chasser sur un territoire. Attaquer un dinosaure. Activer une carte action. Gagner un pion ami. Utiliser le pouvoir de la carte.
Chasser
Dans le coin supérieur droit des cartes, un symbole représentant une hache donne la force de la carte. Chasser permet de tourner autant de cartes volcans que la force de la carte indique. Pour chaque symbole nourriture sur une carte brune, vous gagnerez alors autant de jetons nourriture.
Attaquer
Avec le même symbole utilisé pour chasser, vous pouvez aussi cumuler des points d’attaques. Une fois combinés, vous pouvez détruire un dinosaure. Vous donc devez égaler ou surpasser la force du dinosaure. Une fois fait, vous allez finalement résoudre les avantages que vous donne cette victoire.
Activer une carte action
Les cartes brunes sont des cartes action. Pour les utiliser, vous devez d’abord activer une carte clan (grise). Vous ne pouvez utiliser aucune autre action avec cette carte clan.
Gagner un pion ami
Les cartes clans représentent des demi-meeples. En combinant deux moitié compatibles, vous pouvez donc gagner un meeple ami.
Utiliser un pouvoir
Certaines cartes ont un pouvoir propre. Activez votre carte pour utiliser son pouvoir.
Tout comme dans un deck building classique, plus la partie avance, plus nous améliorons les cartes à notre disposition. Notre tour se termine lorsque nous n’avons plus la possibilité de faire d’autres actions. Attention, l’activation d’une carte enclenche généralement une autre action. Comme dans un système d’engrenages. Il y a donc beaucoup de possibilités de combinaisons dans le jeu.
Finalement, lorsqu’un joueur termine sa pile de cartes, il déclenche la rage des dinosaures. Cela change considérablement le territoire de chasse, ce qui peut vous aider ou vous nuire vous ou votre adversaire.
Il y a certaines cartes qui représentent des totems de tribus. Ces cartes ont des pouvoirs considérables, et surtout permanents. Une fois en jeu, on ne les défausse plus. Elles n’ont pas besoin d’autre carte pour être activé. Elles s’activent elles-mêmes. Aussi, à chaque tour de jeu, nous bénéficions de ses effets. Elles ne sont surtout pas à négliger.
C’est tout?
Pour les joueurs qui n’ont pas d’adversaire pour jouer, ou par pur plaisir, on la possibilité d’un mode solo. Dans ce mode, on introduit notamment quatre cartes ennemies dans le paquet de cartes jungle. Ils viendront notamment perturber la paix de notre clan et ajouteront un degré de difficulté pour atteindre notre objectif.
L’utilisation des ressources permet à certaines cartes de gagner en puissance, alors que d’autres visent à acheter des cartes de la jungle. On améliore ainsi le nombre de ses cartes et la puissance de notre main. Enfin, n’oublions surtout pas les œufs de dinosaures. Ils donnent des points de victoires précieux en fin de partie.
OK, et le jeu se termine quand?
En duel, la partie se termine lorsqu’un joueur termine un des deux espaces dinosaures ou qu’il tourne la dernière carte de l’espace jungle. Par la suite les joueurs comptent les points en lien pour chaque symbole famille, totems, dinosaures vaincus et révèlent ses œufs. Bien sûr celui qui obtient le plus de points remporte la partie.
En solo, le joueur devra vaincre tous les dinosaures avant que l’espace jungle se vide. Il est possible d’augmenter la difficulté du mode solo en diminuant le nombre initial de cartes dans l’espace jungle en début de jeu. Les cartes ennemies feront en sorte que nous devrons tourner davantage de cartes lorsque la rage des dinosaures est provoquée. Nous pouvons compter les points à la fin de la partie, mais c’est optionnel, parce que dans ce mode, on perd ou on gagne peu importe le nombre de points.
Ce que j’en pense de Dinoblivion?
D’abord, la première chose qu’on voit en ouvrant la boîte de jeu, c’est le livret de règles. La lecture de ce dernier fait oublier rapidement que nous sommes en train de lire un livre de règles de jeux. On croirait plutôt être dans une discussion familière avec l’auteur du jeu qui, tout en expliquant les règles, semble initier une partie avec nous. Un genre de pas-à-pas très pertinent avec les exemples qui ne se contentent pas seulement d’illustrer les propos, mais qui précisent certains points de règles.
Plutôt que d’avoir une section de précisions et de règles particulières en fin de livret comme on le voit souvent, l’exemplification de la partie dans les règles rend le tout simple, accessible, digeste et même agréable. Par de petits ajouts subtiles et non nécessaires tels “Les break dancers ne comptent pas.” “Miam!” ou encore “Un beau bébé!”, on a l’impression de rencontrer Jean-François, de goûter à son plaisir du jeu et à quelque chose de son humour candide!
Puis, le matériel. Des cartes de grande qualité avec des couleurs vivantes, des jetons en carton épais, durables, agréables à manipuler et réversibles ainsi que des meeples en bois à deux faces différentes, illustrés hommes/femmes. Les plateaux de jeux sont également conçus pour être manipulés sans avoir peur d’une usure qui pourrait survenir trop rapidement. On est dans un jeu qui demande de manipuler constamment les composantes et l’auteur y a bien réfléchi! Seul bémol, l’insert de la boîte est un peu fragile. De plus, l’exiguïté des compartiments rend difficile l’accès aux cartes. Pour ma part, un petit ruban en tissus fin, passé sous le jeu au moment de le ranger, est venu régler la difficulté de ramasser les cartes au fond.
Après le matériel… le jeu en lui-même.
Pour certains joueurs, il y aura une préférence pour le mode duel alors que d’autres favoriseront plutôt le côté solo. De manière générale, il semblerait qu’une fois l’expérience duel faite, on a une légère tendance à préféré jouer à deux. On pourrait reprendre les paroles de Sylar: “Dinoblivion est un jeu de duel avec un mode solo”.
Cela étant dit, notons que le jeu solo est fluide et suffisamment difficile pour qu’un réel effort d’optimisation soit nécessaire… ce qui ajoute un aspect plutôt addictif!
Depuis septembre 2020, avec un partenariat établi entre Goblivion Games (éditeur) et le site de jeux solos Session Solo, des défis de type campagne sont téléchargeables gratuitement. Ainsi, des cartes présélectionnées, des modifications aux règles et d’autres éléments engagent à relever des défis.
Le premier: Intoxication!
Le deuxième: Les Cultistes!
Comme tout jeu de société avec beaucoup d’iconographies, on doit se référer au livre des règlements à notre première partie. Heureusement, un tableau de rappel de toute l’iconographie qu’on retrouve dans le jeu est proposé en fin de livret. Cela évite notamment de feuilleter sans cesse les règles pour trouver l’information que l’on cherche. Dès la seconde partie, tout devient plus instinctif et le jeu présente une belle fluidité.
Même famille et si différents
Il est impossible de passer sous silence la comparaison (impossible) de Dinoblivion avec son grand frère Goblivion. Les deux jeux sont du même auteur et édités tous deux chez Goblivion Games. S’ils ont certaines similitudes (boîte, aspect artistique, mécanique de deck building et même des clins d’œil de l’un à l’autre), les deux jeux sont pourtant fort différent. Les mécaniques, les thématiques, le déroulement de la partie, l’adversité que propose le jeu, la gestion des cartes, l’usage des ressources… même les deux modes solos sont complètement différents! On retrouve pourtant un grand point commun aux deux jeux: l’immense plaisir qu’on prend à y jouer!
Un travail artistique assumé et éclaté
Au niveau de l’appréciation du travail artistique, selon que vous êtes plutôt dépouillé ou chargé, réaliste ou cartoonesque, classique ou éclaté… vous aimerez ou pas! Dinoblivion, se situe davantage dans les aspects chargé, cartoonesque et éclaté. Quoi qu’il en soit, le style de dessins est plein d’humour, assumé par le créateur et réellement immersif dans l’univers un peu déjanté de Dinoblivion! Oui, l’aspect immersif est réellement présent… et pour ajouter à la légèreté et l’humour du jeu, il y a quelques anachronismes et même quelques référents culturels dans le choix des noms et des images. Le nom d’un mac&cheese populaire? Un youtubeur ludique réputé? Un jeu de mot alimentaire? …genré? …musical? Les repèrerez-vous tous?
Des vidéos forts pertinentes
Pour terminer, on a particulièrement apprécié les vidéos offerts sur le site de Goblivion Games donnant accès à une vidéo-règles de l’auteur en personne, une session solo toujours par l’auteur et une session en mode duel, encore avec l’auteur et sa compagne de vie, de jeu et de création. Une fois ces vidéos regardés, on comprend davantage notre appréciation de la proximité de l’auteur rendu par le livre de règles.
Bref, si vous aimez les jeux de qualité, à la mécanique bien balancée, visiblement créé par un passionné et québécois de surcroît, Dinoblivion vaut vraiment la peine!
On aime :
– un matériel de qualité, robuste et facile à la manipulation;
– le lien pour les vidéos proposé dès la première page du livret de règles;
– les cartes avec des illustrations sympathiques et pleines d’humour;
– le mode solo accessible et l’échelle de difficulté bien balancée;
– les plateaux recto-verso selon le mode de jeu solo ou duel;
– l’optimisation de la mécanique du deck building et de l’engine building;
– la thématique de Dinosaure est forte, présente tout au long du jeu;
– la carte de référence pour un tour de jeu pour chaque joueur;
– la mystérieuse familiarité qui semble se dégager avec l’auteur;
– le mode duel qui viens offrir une super ambiance de jeu;
– un jeu qui offre une bonne re jouabilité et un côté addictif (surtout en duel);
– les défis solos offerts avec des partenaires;
– un produit québécois qui fait honneur à notre fibre patriotique.
On aime moins :
– l’insert du jeu fragile et rend difficile de prendre les cartes dans l’espace restreint;
– le visuel un peu chargé des cartes, du plateau et de la boîte: on peut parfois se laisser distraire ou s’y perde un peu;
– l’absence de tout autre mode ou variation autant pour le solo ou duel (bien que les défis avec les partenaires viennent palier à cela, il faut savoir que ça existe et les trouver).
Cette chronique à été écrite en collaboration avec Francis Gadoury pour le mode duel et Nicolas Rondeau pour le mode Solo.